
Au moment où notre pays, le Niger est en proie à des manifestations de la Société Civile, des syndicats et autres corporations, j’ai jugé utile en tant que Nigérien d’ajouter au débat démocratique ma, pensée. Certes, nous sommes confrontés à divers problèmes : Insécurité, Coronavirus ou Covid 19, chômage, affaires de détournement des fonds publics, d’armement etc… L’Etat doit engager le dialogue pour créer les conditions idoines d’une saine gestion. II faut s’acheminer vers un dialogue social pour permettre une véritable recomposition politique afin d’organiser des consultations électorales crédibles et apaisées à quelques mois des élections présidentielles. Il faut rendre à la politique ses lettres de noblesse. Pouvoir, Opposition et Société Civile, doivent se mettre autour d’une table. C’est sûrement le souhait du peuple nigérien, fatigué d’être balancé d’impasse en impasse et rué dans les brancards. II faut venir à bout de ces instabilités qui ne nourrissent pas leurs hommes. Nous voulons avancer sûrement. Nous en avons les moyens et la force.
Comme tout le monde, j’ai suivi et suis l’actualité de notre pays, le Niger. Et j’analyse et j’en tire des conclusions. Chacun y va de son ou de ses commentaires. Ceci m’amène aussi à donner mon opinion face aux évènements à caractère National ou Africain ; en vue d’enrichir le débat. II s’agit ici des empoignades entre le Gouvernement et la Société civile qui, tous deux, s’affichent comme étant défenseurs des droits du citoyen lambda. Chaque partie, jouant son rôle. Mais, la société civile est cette structure née comme les formations politiques à la faveur de la démocratie, ce contre-pouvoir, cet interface entre le pouvoir et l’opposition. Elle prend tout son sens dans une communauté organisée qui intègre tous les rudiments démocratiques. Elle occupe donc une place comme toutes les autres organisations telles que les formations politiques, les ligues des droits de l’Homme, les associations et autres corporations suite à une longue lutte. Elle doit incarner l’espoir et l’espérance du peuple au nom duquel et pour lequel elle vit le jour. Sentinelle d’une démocratie, elle doit agir et fonctionner au nom du Droit qui l’a enfantée pour servir les « sans voix » au cas où ce Droit est foulé aux pieds. Elle doit aussi interpeller tous ceux, de tous bords qui écorchent le Droit sous quelque prétexte que ce soit. Une Société Civile est un modèle composé de jeunes, des hommes et des femmes qui doivent lutter pour rétablir la vérité dans un Etat où les Droits sont bafoués, confisqués. Une Société Civile doit se dresser contre l’injustice, les passe-droits, dont la corruption et d’autres fléaux qui gangrènent nos sociétés où les plus forts écrasent les plus faibles tandis que les plus riches se détournent des plus démunis. La Société Civile doit servir et non se servir, tout comme le pouvoir. Elle doit incarner l’esprit de sacrifice en demeurant à l’avant-garde des combats pour ramener un pouvoir défaillant à la raison c’est-à-dire sur le bon chemin. Elle ne doit en aucune façon baisser les bras devant tant d’injustices criardes et doit axer son combat aussi en direction de la répartition équitable des biens c’est-à-dire des richesses et de l’exclusion comme l’exigent le CODDAE, le ROSAD, le ROTAB et d’autres organisations de la Société Civile au Niger ou ailleurs qui battent le pavé. Une Société Civile doit s’abreuver d’une sève républicaine, s’imbiber des vertus de patriotisme et de nationalisme. Elle est indispensable pour accompagner un état et un pays face aux diverses arrogances et hégémonies coloniales qui tentent toujours d’étendre leur emprise sur la gestion de nos richesses.
La Société Civile, ses acteurs et animateurs doivent accompagner nos états dans leur difficile construction. Parce que comme l’a si bien dit le Président Ahmed Sékou TOURE de Guinée « Nous n’avons pas obtenu notre Indépendance pour perdre notre Liberté ».
S’agissant du Pouvoir en place, sa préoccupation première est de servir le peuple avec justice, équité, transparence en lui procurant tous les outils de son bien être à travers une répartition équitable des biens et en le protégeant en tout lieu et en toute circonstance. Les gouvernants qui ont pris l’engagement devant le peuple de tout mettre en œuvre pour le guider dans le bon chemin et à bon port, doivent consentir tous les efforts et sacrifices pour atteindre au moins la majorité de ces objectifs. Ces objectifs sont : eau, santé, école, liberté, paiement des salaires, des bourses et des diverses allocations. Respecter tous les attributs qui se rattachent au socle de la démocratie : Manger au moins 3 fois par jour, boire, dormir tranquille en accédant aux autres droits, tous les droits.
Le citoyen doit aussi accomplir ses devoirs, tous ses devoirs. S’acquitter de ses impôts et des diverses taxes, se faire recenser, établir son acte de naissance, sa pièce d’identité nationale, accomplir son service civil et militaire, répondre aux injonctions de la force publique, se présenter et se défendre devant les tribunaux en cas d’abus, porter plainte contre l’Etat et Dieu merci, nos pays disposent de jeunes, talentueux et compétents avocats qui peuplent nos palais de justice. Respecter le drapeau et les armoiries puis s’arrêter au chant de l’hymne national. Mais, la responsabilité d’éduquer, de former, d’informer et de sensibiliser les citoyens incombe de prime abord à l’Etat, seul responsable de la destinée politique du peuple.
Nos peuples ont besoin de toutes les intelligences de leurs citoyens dont une partie se trouve au-delà de leur frontière, cette force tranquille qu’est la Diaspora. Cette Communauté qui ne baisse pas les bras et qui est disposée à investir et à s’investir dans son pays d’origine. A condition qu’on lui fasse sa place et qu’on l’intègre à part entière au niveau de toutes les structures de l’Etat. Elle a suffisamment fait ses preuves depuis la Conférence Nationale Souveraine qui avait autorisé la mise en place de la structure du Haut Conseil des Nigériens de l’Extérieur avec des représentants au niveau du parlement et du gouvernement. Un dossier qui avait été défendu par les 28 délégués venus des divers continents et soutenu par la plénière.
Gageons que malgré, la succession des divers pouvoirs que, celui en place ira jusqu’au bout des efforts qu’il a entrepris depuis un certain temps. En effet, des émissaires de l’Etat se sont beaucoup déplacés ces derniers temps en Europe et en Afrique pour donner de la voix dans ce cadre. Tant mieux si ce vieux projet arrive à aboutir. Ce serait une véritable ouverture de notre pays sur le monde entier. Plusieurs compatriotes vivant à l’extérieur du Niger sont à l’abri du besoin. Ces nigériens ou qu’ils soient s’attèlent à faire prévaloir l’intérêt du Niger, tant dans le domaine culturel qu’éducatif et même sportif.
Une fois encore, il revient à l’Etat de saisir cette perche qui lui est tendue. Nous savons qu’il y a trop de choses à gérer et que les solutions ne sont pas faciles à trouver. Mais, nous savons tous aussi, qu’il faut se pencher sur les urgences et les priorités. Ce cas mérite d’être classé parmi les priorités quand on sait que le temps, lui ne s’arrête pas. D’ailleurs, d’autres pays tirent depuis longtemps des dividendes des efforts de leur diaspora. Gageons qu’il en soit de même bientôt chez nous quand on sait que c’est au Niger que cette idée est née avant les autres pays. Mais depuis, le projet est mis en veilleuse.
Dans chaque pays ou état démocratique, l’opposition a droit de cité et doit jouir de toutes ses prérogatives et de ses droits prescrits dans la constitution, cette Loi Fondamentale. Elle doit critiquer et rappeler à l’autre, celui d’en face, c’est à dire la majorité en cas d’abus et doit le faire signifier par ses élus qui siègent au parlement à travers des interpellations. Sinon, par courrier ou de vive voix par le Chef de l’opposition au Premier Magistrat par audience. Aucun régime démocratique n’a le droit de refuser la liberté de rencontres ni la diffusion des idéaux de l’opposition, si ceux- ci ne touchent pas aux institutions républicaines, aux lois et règlements de la République et à la sécurité nationale. Parce que la construction nationale est une affaire de tous. Et parce qu’un Etat a besoin des bras de tous ses fils et de toutes ses filles pour faire face à tous les innombrables défis qui se présentent ici et là. Surtout dans un monde qui se complique au jour le jour. Un monde qui se globalise dans une mondialisation qui noie les Etats et pays vulnérables comme les nôtres.
Parlant de mondialisation, on voit que le monde est en lui-même un village planétaire, car ce virus COVID-19 qui vient d’ailleurs, s’est introduit chez nous en quelques semaines, dû au mouvement des uns et des autres à travers le monde, et cela vient s’ajouter à nos problèmes déjà si nombreux. Nous enregistrons jusqu’à date 609 cas environ au Niger, et plus de 5 255 cas confirmés en Afrique, nous prions Dieu que ces derniers puissent recouvrir leur santé, et j’exhorte aussi les populations de prendre des précautions préventives pour contrer cette pandémie. Je salue également les décisions prises par le gouvernement telles que la libération des prisonniers, parce que si un seul contracte cette maladie, c’est toute la population carcérale qui risquerait d’être contaminée, compte tenu de l’exiguïté des locaux où ces détenus sont déjà confinés. Le décès d’un ou de deux ou même plusieurs prisonniers signifie aussi une perte pour les parents de ces derniers. Durant cette période où nous sommes entre le terrorisme et ce virus qui se répand de façon foudroyante, nous devons opérer un choix, celui de sauver et de nous protéger en privilégiant notre unité et notre solidarité nationale. Pour que nous puissions être unis pour assumer notre destin individuel et collectif afin de construire et développer notre pays qui en a vraiment besoin.
Nous sommes entre le marteau et l’enclume car chaque jour qui passe est une victoire sur ces deux maux. Prions Allah pour que nos populations africaines et celles de notre pays soient protégées.
Mes prières vont également à l’endroit de nos infirmières et infirmiers nigériens qui ne ménagent aucun effort pour garantir la santé des populations, et contrer cette pandémie, aussi aux forces de défense et de sécurité qui luttent farouchement malgré leurs maigres moyens, afin de garantir la sécurité et la souveraineté de notre pays.
Si nos Etats depuis 1963 avaient appliqué à la lettre les résolutions de l’OUA, nous aurions mis en place une force panafricaine pour venir à bout de ces terroristes et nous n’aurions certainement pas perdu autant d’hommes sur le champ de bataille.
C’est le lieu pour moi de rendre un hommage au président Tchadien, Idriss Déby Itno, qui a combattu tout seul avec son armée, et a eu raison de « boko haram ».
Mais où est donc la solidarité Africaine? Cette union existe-elle que sur papier? À quoi sert le G5 Sahel? Une chose est sure, c’est qu’aucune guerre ne se gagne sans actions conjointes. Ne dit-on d’ailleurs pas que « seul on va vite, mais qu’ensemble on va plus loin… »
Nous devons nous unir, rassembler et conjuguer nos efforts au lieu de les disperser si nous voulons bâtir ensemble. Cela malgré nos différences d’opinions et de nos différentes sensibilités parce que chacun de nous sera comptable à son niveau. Et comme la roue tourne nous n’y échapperons pas. Et oui, il y va de notre intérêt à nous tous!
Je profite pour présenter mes condoléances les plus attristées à toutes ces personnes, familles, qui sont endeuillées soit par la maladie, ou par la perte d’un proche au front. À la famille de notre cher Imam de Niamey Honorable Cheikh Oumarou Ismaël rappelé à Dieu, je compatis à leur douleur sincèrement. Qu’Allah lui réserve le paradis comme sa dernière demeure Ameen Yarabi.
Dans quelques jours viendra le Ramadan, je profite pour souhaiter aux musulmans du monde entier de la Ouma Islamique un mois béni et jalonné de paix, de prospérité, de bonheur et de tranquillité dans la solidarité, Ameen.
Abdoulaye HASSANE DIALLO
Dr en Sciences Politiques
Écrivain, Journaliste
Président de la Ligue Nigérienne de Solidarité Humaine LNSH BANI- LAHIA
Mamane Bachir Moustapha Brah
Assistant