

Lettre au président de la république
Monsieur le Président de la République, en ce contexte si difficile d’une crise sanitaire qui est venue se greffer à d’autres menaces existentielles, il est aisé de penser que votre attention …
Monsieur le Président de la République, en ce contexte si difficile d’une crise sanitaire qui est venue se greffer à d’autres menaces existentielles, il est aisé de penser que votre attention soit surtout fixée à sortir le Niger de l’œil du cyclone.
Le moins que nous pouvons vous souhaiter c’est que Dieu vous aide et vous assiste dans ce combat noble mais titanesque contre une épidémie à l’échelle planétaire et une nécessité de sécurisation du territoire national face à une menace régionale.
Néanmoins,et sans aucune prétention Monsieur le Président, je pense être pour vous la petite étincelle qui éclaire certains détails dont la prise en compte ne fera que vous grandir et vous attirer la sympathie de vos concitoyens.
En effet, ce jour mercredi 8 avril 2020, à l’aube du 21e anniversaire de sa mort, j’ai décidé de vous parler d’un nigérien peu ordinaire qui, à défaut d’être au panthéon, mériterait bien que la République à travers vous, lui reconnaisse l’homme qu’il fut par sa bravoure et son patriotisme.
Ibrahim Baré Mainassara (IBM pour ses contemporains que vous étiez), par ce que c’est bien de lui qu’il s’agit Monsieur le Président.
On ne le dit jamais assez, mais vous êtes mieux placé que tous, saviez que ce militaire au parcours élogieux fut celui qui plaça la république actuelle sur ses fonts baptismaux en lui donnant entre autres des fondements diplomatiques administratifs qui font aujourd’hui le bonheur du Niger et de tout son peuple.
Sans être exhaustif et trop narratif, je citerai :
-le rétablissement des relations diplomatiques avec la Chine à qui Taiwan avait ravi la vedette.
-la création du ministère du plan et la résistance qu’il avait opposé aux institutions financières internationales qui demandaient la suppression de cette structure gouvernementale.
– l’accession des femmes à des postes régaliens et stratégiques alors que prévalait l’hégémonie masculine
– le double embargo sur Cuba et la Libye qu’il avait si courageusement défié.
– une campagne soutenue pour le Niger afin de briguer le poste de secrétaire général de l’ONU au nom du Niger.
-les services innombrables rendus à la nation en sa qualité tour à tour de ministre, d’ambassadeur et de chef d’état major à une époque où l’armée a toujours défendu vaillamment l’intégrité du territoire national.
Monsieur le Président, il est inadmissible pour ma conscience qu’un tel nigérien dont le coup d’état a été ressenti à son époque comme une délivrance, et mieux qui avait engagé tous les frères ennemis à se réconcilier, mon bon sens dis-je ne saurait accepter qu’un tel homme ne soit célébré et immortalisé par la République pour laquelle il avait donné sa vie. Un sacrifice ultime dont on parle peu.
C’est en vertu de tout ce que j’ai dit plus haut Monsieur le Président que je vous prie de rendre à César ce qui lui appartient en renommant successivement le Prytanée militaire de Niamey et le lycée d’excellence du nom de ce digne et illustre fils du pays.
“La république n’a aucune raison d’être rancunière quand elle a toutes les raisons d’être reconnaissante”
Faut-il d’ailleurs rappeler que ce nationaliste flanqué d’un humaniste hors pair à toujours suscité de la sympathie et de l’admiration au delà de nos frontières ce qui confirmerait le dicton qui dit que “nul n’est prophète dans son pays”.
Il y a donc là une injustice à réparer pour que la mémoire collective des nigériens immortalise ce fils du terroir qui a su recréer la cohésion sociale par le biais des hommes politiques et a su aussi conduire le processus de paix avec la rébellion touareg qui sévissait à cette époque.
L’orgueil et la vanité d’être nigérien étaient opportunément nés de la revitalisation du secteur de santé et du renouveau culturel dont il était l’artisan à travers la création entre autres du Fima, de la semaine des arts et de la musique traditionnelle, et surtout du festival des musiques du Sahel.
Monsieur le Président, sous d’autres horizons, les héros célébrés n’ont pas fait autant pour faire mieux.
Comment pouvons-nous mettre en sourdine des réformes aussi cruciales que celles de la retraite qui ont été réussies sans tambour ni trompette?
Pourquoi faire table rase des inlassables efforts qu’il avait mis en oeuvre pour réussir une moralisation de la vie publique et politique en particulier ?
L’oeuvre est immense Monsieur le Président, et il nous incombe de mettre un point d’honneur à dire qu’il s’agit bien de notre concitoyen grâce à qui ,pour la première fois le Niger a réussi à faire aboutir un programme économique et financier.
Cela mérite d’être dit pour que ça se sache !
Et grâce à vous, la république peut cesser d’être indifférente face à tant de valeurs et de dévouement envers elle.
Signé Anawar Abdoulaye Arouna.